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Jubilation photographique / L’imaginaire photographique
Jean-Pierre Lambert.
En réalisant ma sélection de photographes Belges pour le Mai de la Photo à Reims, j’ai voulu confirmer les orientations de ma galerie (Il m’eut été difficile de faire autrement puisque ce sont là mes intimes convictions, mes réactions profondes). Mais j’ai également voulu que ce Mai de la Photo 92, soit pour moi, l’occasion d’avoir une ouverture sur une autre photographie que je n’ai pas l’habitude d’exposer, mais qui m’attire beaucoup.
Les premiers seront, d’une part deux artistes de la galerie qui montreront pour la première fois leurs derniers travaux : Lucia Radochonska et Jean-Louis Vanesch. Se joindront à eux Alain Janssens et Paul Sochacki. Ces artistes jouent avec la matière, la lumière et la composition. Images apparemment austères, souvent sombres, la photographie devient avec eux, un matériau qu’ils pétrissent, travaillent comme le peintre la couleur et le sculpteur la glaise. Pour moi ces images sont extrêmement sensuelles, même si les sujets n’appellent pas forcément cette sensualité.
Lucia Radochonska a d’abord photographié des enfants mis en scène dans la nature. Elle est arrivée progressivement à des images plus plastiques, avec des jeux de lumière et d’ombre sur le corps de sa petite fille, puis avec des mains émergées dans l’eau. Aujourd’hui elle montrera une série de ciels. Paysages minimals où le ciel couvre presque la totalité de l’image. Tirages denses aux sols sombres, aux compositions sobres.
Jean-Louis Vanesch a photographié les buissons, les branchages. Il travaillait la matière par un travail sur la netteté, puis avec le même sujet, il a épuré ses images en photographiant les troncs d’arbres en contre-jour : puissants à-plats noirs, dans des compositions audacieuses. Il montrera à Reims ses dernières évolutions, avec des paysages plus larges, mais où l’on retrouve l’enseignement des expériences précédentes. L’utilisation du noir et du flou synthétisé dans des œuvres qui sont un aboutissement de ses précédentes recherches.
Avec la série « Lieux et Liens » de Alain Janssens, je n’utiliserai pas le mot puissant, mais plutôt finesse et subtilité. Là encore des végétaux, des branches et des sous-bois. Passages de l’ombre à la lumière où les noirs sont aussi intenses que les blancs. Les deux états suggérant plutôt que décrivant. Autre sensualité avec Paul Sochacki. « Artiste plasticien privilégiant la photographie ». Autres branchages, Paul Sochacki réalise d’abord un photogramme, en posant une branche sur une feuille de papier photographique qu’il expose à la lumière. Il brûle ensuite la branche et en photographie les cendres. Il expose alors ce négatif sur le premier tirage. Il obtient ainsi une image de la branche vivante et morte. J’ai été fasciné par la qualité plastique de ces tirages.
Cette première parti de ma sélection pourrait s’intituler : « Jubilation photographique » pour cette délectation des matières avec la formidable ambiguïté suggestion/réalisme photographique. La seconde partie serait alors « L’imaginaire photographique » qui met en scène l’univers intérieur de l’artiste. J’ai choisi le travail de Nadine Tasseel : des femmes nues posant pour un portrait, mais dont le visage est masqué par une reproduction d’un autre visage tité d’une peinture renaissance. Ces tirages sont entrecoupés de natures mortes. Etonnante série, où le plaisir ne vient plus de la qualité des matières ou des compositions, mais de l’univers personnel de Nadine Tasseel.
La photographie est ici utilisée comme moyen d’enregistrement d’une réalité mise en scène par l’artiste. Je ne veux pas donner d’interprétation personnelle, car il me semble que je dois laisser à chacun sa libre interprétation de cette étonnante série de portraits féminins.
Jean-Pierre Lambert.
Mai de la Photo, catalogue, Reims, 1992.
Jean-Pierre Lambert.
En réalisant ma sélection de photographes Belges pour le Mai de la Photo à Reims, j’ai voulu confirmer les orientations de ma galerie (Il m’eut été difficile de faire autrement puisque ce sont là mes intimes convictions, mes réactions profondes). Mais j’ai également voulu que ce Mai de la Photo 92, soit pour moi, l’occasion d’avoir une ouverture sur une autre photographie que je n’ai pas l’habitude d’exposer, mais qui m’attire beaucoup.
Les premiers seront, d’une part deux artistes de la galerie qui montreront pour la première fois leurs derniers travaux : Lucia Radochonska et Jean-Louis Vanesch. Se joindront à eux Alain Janssens et Paul Sochacki. Ces artistes jouent avec la matière, la lumière et la composition. Images apparemment austères, souvent sombres, la photographie devient avec eux, un matériau qu’ils pétrissent, travaillent comme le peintre la couleur et le sculpteur la glaise. Pour moi ces images sont extrêmement sensuelles, même si les sujets n’appellent pas forcément cette sensualité.
Lucia Radochonska a d’abord photographié des enfants mis en scène dans la nature. Elle est arrivée progressivement à des images plus plastiques, avec des jeux de lumière et d’ombre sur le corps de sa petite fille, puis avec des mains émergées dans l’eau. Aujourd’hui elle montrera une série de ciels. Paysages minimals où le ciel couvre presque la totalité de l’image. Tirages denses aux sols sombres, aux compositions sobres.
Jean-Louis Vanesch a photographié les buissons, les branchages. Il travaillait la matière par un travail sur la netteté, puis avec le même sujet, il a épuré ses images en photographiant les troncs d’arbres en contre-jour : puissants à-plats noirs, dans des compositions audacieuses. Il montrera à Reims ses dernières évolutions, avec des paysages plus larges, mais où l’on retrouve l’enseignement des expériences précédentes. L’utilisation du noir et du flou synthétisé dans des œuvres qui sont un aboutissement de ses précédentes recherches.
Avec la série « Lieux et Liens » de Alain Janssens, je n’utiliserai pas le mot puissant, mais plutôt finesse et subtilité. Là encore des végétaux, des branches et des sous-bois. Passages de l’ombre à la lumière où les noirs sont aussi intenses que les blancs. Les deux états suggérant plutôt que décrivant. Autre sensualité avec Paul Sochacki. « Artiste plasticien privilégiant la photographie ». Autres branchages, Paul Sochacki réalise d’abord un photogramme, en posant une branche sur une feuille de papier photographique qu’il expose à la lumière. Il brûle ensuite la branche et en photographie les cendres. Il expose alors ce négatif sur le premier tirage. Il obtient ainsi une image de la branche vivante et morte. J’ai été fasciné par la qualité plastique de ces tirages.
Cette première parti de ma sélection pourrait s’intituler : « Jubilation photographique » pour cette délectation des matières avec la formidable ambiguïté suggestion/réalisme photographique. La seconde partie serait alors « L’imaginaire photographique » qui met en scène l’univers intérieur de l’artiste. J’ai choisi le travail de Nadine Tasseel : des femmes nues posant pour un portrait, mais dont le visage est masqué par une reproduction d’un autre visage tité d’une peinture renaissance. Ces tirages sont entrecoupés de natures mortes. Etonnante série, où le plaisir ne vient plus de la qualité des matières ou des compositions, mais de l’univers personnel de Nadine Tasseel.
La photographie est ici utilisée comme moyen d’enregistrement d’une réalité mise en scène par l’artiste. Je ne veux pas donner d’interprétation personnelle, car il me semble que je dois laisser à chacun sa libre interprétation de cette étonnante série de portraits féminins.
Jean-Pierre Lambert.
Mai de la Photo, catalogue, Reims, 1992.