Photographie / « Le jardin des résistances » à l’Espace Photographique Contretype
L'invitation au rêve
Dernière semaine pour cette belle exposition où la photographie met en évidence
la poésie des jardins.
Quand un photographe se passionne pour le jardinage, il finit inévitablement par mélanger ses deux passions. Et cela peut donner naissance à un nouvel univers, plein de surprise, d’émotion, de vie, de poésie…
C’est en tout cas ce que nous montre pour quelques jours encore, l’exposition
Le Jardin des Résistances qu’il faut se dépêcher de découvrir à l’Espace Photographique Contretype à Bruxelles.
Daniel Desmedt, Jean-Louis Vanesch, Lucia Radochonska et Paul deb Hollander nous y font découvrir leur passion pour cette nature qu’ils observent et/ou cultivent
à longueur d’année.
Pour Daniel Desmedt, tout se passe dans le Carré Tillens, à Bruxelles. Bien camouflé à l’abri d’une série d’immeubles et de quelques maisons anciennes, le photographe
y a découvert un véritable paradis mi-sauvage, mi-apprivoisé. Un jardin fait de bric et de broc, où les fleurs se déploient à côté du potager, où abri de fortune et matériel
de récupération délimitent l’espace. Un univers comme il en existe çà et là, dans diverses cités. Daniel Desmedt le photographie très simplement, montrant le côté convivial, ouvert et un peu anarchique du lieu. Une explosion de vie et d’imagination dans un espace inattendu.
Pour Jean-Louis Vanesch et Lucia Radochonska, les choses sont plus simples.
C’est leur jardin qu’ils nous font découvrir à travers une série de beaux tirages noir
et blanc. On y voit surtout le temps qui passe, les détails parfois infimes de la nature. On y voit aussi deux manières d’observer et de photographier les choses. Si les deux artistes partagent l’amour des choses simples, intimes, calmes et quotidiennes, chacun amène sa propre vision. Lucia Radochonska joue avec la lumière, la douceur des choses. Elle fait d’une goutte de rosée tout un univers poétique. Jean-Louis Vanesch y voit parfois des choses sombres, plus abstraites, travaillant dans des noirs profonds qui semblent à la poursuite de quelque chose d’insaisissable.
Quelque chose d’infiniment sensuel se dégage de cette symphonie végétale puissante et douce à la fois.
Paul den Hollander, enfin, a réalisé pour cette exposition un formidable travail en couleurs intitulé Metamorphosis. A cette occasion, pour la première fois depuis longtemps, l’occultation du rez-de-chaussée a été supprimée. Ses photographies dialoguent ainsi avec le jardin jouxtant la salle d’exposition.
Comme un explorateur de l’infiniment proche, il plonge eu cœur de la nature, nous invite à un voyage plein de surprises, de beauté, de mystère. Jouant avec le mouvement, les formes, les couleurs, la lumière, il livre de véritables tableaux quasiment abstraits et pourtant nourris de la seule réalité de la nature.
Chacune de ses images met en évidence la tension entre un détail photographié avec précision et un ensemble laissé dans le flou. Dans le même temps, il utilise subtilement le contraste entre l’exubérance sauvage de la nature et la douceur des tons utilisés.
Du coup, ses grands tirages couleurs semblent à la fois abstraits et débordant de vie, comme animé d’une vibration propre. Rien d’aseptisé dans cette vision de la nature. On est à mille lieues des catalogues de jardinage, avec ce foisonnement de vie, de couleurs, de mouvements.
Quelque chose d’infiniment sensuel se dégage de cette symphonie végétale incroyablement puissante et douce à la fois. Superbe.
Jean-Marie Wynants